BODYBUILDING
LES "FORTIES" ET L’AAU- Les "Forties" et l’AAU- Les "Forties" et l’AAU- Les "Forties" et l’AAU

    Quittons le début du XXème siècle et entrons dans le Silver Age du culturisme (également appelé "pré-Golden Age") : 1940 à 1964. Durant ce quart de siècle l’évolution du culturisme s’accélère de façon significative, et jette les bases du culturisme contemporain.

À cette époque l’alimentation des athlètes restait très aléatoire, les connaissances sur la Nutrition étaient bien loin de celles que nous en avons aujourd’hui. Bien que les sportifs fissent un minimum attention à ce qu’ils mangeaient, il n’en demeure pas moins que leur alimentation n’était pas parfaitement calibrée pour optimiser le potentiel anabolique de l’organisme. Disons plutôt que les athlètes s’appliquaient une diète par principe de constatation, privilégiant donc les aliments qui selon leur expérience leur semblaient bons pour leur croissance musculaire, et écartant ceux dont la consommation avait tendance à augmenter leur taux de masse adipeuse. Et il faut bien avouer qu’en règle générale ils s’en sortaient pas mal du tout, d’autant plus que la Nutrition était à l’époque une science en plein développement et qu’elle venait significativement aiguiller leurs choix alimentaires, surtout à partir des années 50.

Côté Training les techniques d’entrainement restaient à l’époque assez sommaires, les athlètes ne s’entrainant en général que 3 à 4 fois par semaine, et sur un système de full body, et avec du matériel assez basique. De leur côté les femmes commencèrent à goûter aux plaisirs de l’entrainement aux poids, combien même une ségrégation horaire entre hommes et femmes était la norme dans la plupart des gymnases, qui ne connaissaient donc pas encore les joies de la mixité.
Mais voilà, l’engouement pour les sports de force et le culturisme prenait bel et bien de l’ampleur, de plus en plus de salles d’entrainement s’ouvraient à travers le monde (avec bien-sûr une nette prédominance en Europe et en Amérique du Nord), et le nombre toujours plus croissant de pratiquants s’accompagnait d’une significative augmentation du nombre de compétition organisées, avec notamment de plus en plus de grands rendez-vous nationaux puis internationaux.

Et c’est à la toute fin des années 30, aux Etats-Unis, que les choses commencèrent à devenir sérieuses. En décembre 1938 à New-York ce tenu la première compétition dite nationale, "l’America's Finest Physique", ayant pour ambition de mettre en avant les meilleurs culturistes du pays. L’organisation y fut brouillonne, aucun vainqueur overall ne fut déclaré, mais elle eut pour mérite de jeter les bases pour l’avenir. En juin de l’année suivante, toujours à New-York, cette même compétition se déroula à nouveau, mais avec cette fois une organisation plus soignée, et un grand vainqueur déclaré fut alors considéré (et c’est toujours le cas aujourd’hui) comme étant le premier Mr America de l’histoire, Bert Goodrich en l’occurrence.

Bert Goodrich

Un mois plus tard, donc en juillet 1939, ce tint à Chicago le championnat américain d’haltérophilie (National Weightlifting Championships), suivit par un concours de culturisme. Pour participer à ce second concours les candidats devaient avoir le statut d’amateur, et ils devaient avoir au préalable participé au concours d’haltérophilie ! Le vainqueur de ce concours national de culture physique fut Roland Essmaker, et comme cette victoire fut homologuée par l’AAU (Amateur Athletic Union) Essmaker est donc considéré comme étant le premier Mr America AAU de l’Histoire.
Mais pour mettre fin à la confusion des titres nationaux attribués lors des derniers mois écoulés, l’AAU mis les choses au point en 1940 en intitulant son concours annuel « Mr America », ce qui mis fin au débat. Dès lors le nombre de concurrents augmenta considérablement, passant de 3 à 18 athlètes sur scène entre l’édition de 1939 et celle de 1940 !

Fondée en 1888 par l’athlète américain William Buckingham Curtis et l’éditeur-businessman américain James Edward Sullivan, l’AAU deviendra durant toute la décennie des Forties le show de référence pour déterminer quel athlète mérite d’être considéré comme étant le meilleur culturiste du monde.

William Buckingham Curtis
James Edward Sullivan
New York Athletic Club (N.Y.A.C.), William Buckingham Curtis (au milieu) en fut l’un des membres fondateurs, et son premier président en 1868

C’est ainsi que le monde du culturisme va voir son centre de gravité glisser de l’Europe vers les États-Unis, et l’émergence à la fin des années 30 de la désormais célèbre « Muscle Beach » à Santa Monica (Los Angeles) viendra renforcer davantage encore ce phénomène. À partir de années 40 les plages de santa Monica vont devenir le lieu de rendez-vous populaire et incontournable des gymnastes et acrobates (locaux ou de passage), auxquels viendront se joindre peu après le petit monde du culturisme californien, avant d’attirer enfin par la suite les athlètes du monde entier. Les Athlètes s’y entrainent au grand air, et de nombreuses compétitions et de shows voient alors le jour sur les plages de Californie du Sud, pour le plus grand bonheur des Angelenos et des touristes de passages.

Gymnastes à Muscle Beach (Santa Monica, Californie) dans les années 40-50
Compétition à Muscle Beach (Santa Monica, Californie) dans les années 40-50

Difficile de lister les athlètes les plus emblématiques de cette époque tellement ils furent nombreux à s’y être illustrer avec une réussite éclatante, et au combien méritée (et ceci sans avoir les connaissances en science de l’entrainement et en science de la Nutrition que nous avons aujourd’hui acquis, ce qui accentue d’autant plus leur mérite !). Mais comme il faut savoir faire des choix dans la vie, si je ne devais en nommer que quelques-uns parmi ceux qui illuminèrent plus que les autres la première partie de ce fameux Silver Age, je nommerais déjà sans hésitation les 3 athlètes suivant pour les "forties" : John Grimek ; Clarence Ross ; puis Steve Reeves.

Avec un physique volumineux et équilibré, l’américain John Grimek marqua de son emprunte la décennie 1940. Il y remporta les Mr. America de 1940 et de 1941, puis fit une pause dans sa carrière de compétiteur avant de revenir en force vers la fin des années 40. Malgré une concurrence devenue bien plus féroce qu’au début de la décennie, Grimek devint en 1948 le 1er Mr. Univers de l’histoire, concours organisé par la NABBA (lire l’article concerné) et donc le logo fédéral représente encore aujourd’hui la silhouette de John Grimek.

Comme l’année suivante il n’y eu pas de Mr Univers organisé, les meilleurs culturistes de l’époque se préparèrent donc pour un autre concours, le Mr USA. Fait unique, les trois plus grandes stars du bodybuilding de l’époque répondirent présent, et cette circonstance exceptionnelle fit alors de cet événement le concours le plus marquant de la décennie. Devant plus de 6000 spectateurs, et une foule de vedettes du showbiz et du cinéma de l’époque, les juges furent sous pression, et le niveau très proche des trois meilleurs concurrents leur rendit la tache encore plus difficile. Ils eurent un mal fou à les départager, et de longues discussions et de longs débats furent entrepris. Mais les juges finirent par trancher, et bien que les résultats fussent très serrés, le nom de John Grimek finit par emporter la décision. Clarence Ross puis Steve Reeves complétèrent ce podium historique. En décrochant ce titre de Mr USA 1949, Grimek acheva ainsi sa carrière de compétiteur sans n’avoir jamais connu la défaite en compétition !

John Grimek
John Grimek
John Grimek
Victoire de John Grimek au Mr USA 1949

Durant la seconde moitié des années 1940 deux autres bodybuilders montèrent en puissance, à commencer par Clarence Ross. Cet américain remporta le Mr. America de 1945, le Mr. USA de 1948, puis termina 1er en Grande taille au Mr. Univers NABBA de 1955 (mais vaincu en overall par Leo Robert).

Clarence Ross
Clarence Ross

Puis ce fut l’arrivée d’un véritable prodige sur les planches des compétitions de culturisme en cette fin des années 40, j’ai nommé Steve Reeves, énorme célébrité en devenir. Américain également, Reeves termina sur le podium de la plupart des plus grandes compétitions de 1947 à 1950, terminant soit derrière d’autres grands culturistes de l’époque (comme Grimek ou Ross), ou bien en sortant vainqueur de certaines éditions, comme les Mr. America AAU 1947, et Mr. World 1948. Mais la consécration viendra en 1950 : décrochant cette année-là à Londres le titre au combien mérité de Mr. Univers NABBA, Reeves rapporte alors chez lui en Californie le trophée alléchant qu’avait mis en avant les promoteurs de l’événement, à savoir l’original de la magnifique statue en Bronze représentant Eugen Sandow, qui avait été remise un demi-siècle plus tôt à celui qui termina à la 3ème place de la célèbre « Great Competition » de 1901 à Londres, première compétition de culturisme de l’histoire. Pour l’anecdote, les promoteurs restèrent médusés devant l’annonce des résultats et donc la victoire de Reeves, car s’ils avaient pris le risque de mettre en avant une récompense aussi prestigieuse c’est parce qu’ils avaient misés sur la victoire de l’anglais Reg Park, certains que ce trophée resterait alors sur le sol britannique !

Steve Reeves
Steve Reeves avec le trophée "Sandow" lors du Mr Univers NABBA 1950

Sa musculature parfaitement équilibrée, à un degré inégalé jusqu’alors, s’accompagnant d’un physique découpé et sec, et d’une taille très fine, impressionnera les amateurs de culture physique du monde entier. Steve Reeves a toujours été battu en compétition par Grimek et Ross, et beaucoup d’amateurs de ce sport y dénonce là une injustice, car bien qu’un peu plus massifs par endroit, ses deux principaux adversaires étaient cependant bien moins équilibrés et moins esthétiques que Reeves ! Pour beaucoup, dont je fais partie, il est donc aussi légitime qu’objectif d’admettre que Steve Reeves fut plus beau culturiste de cette fin des années 40.

Steve Reeves
Steve Reeves
Steve Reeves
Steve Reeves

Bien que mettant un terme à sa carrière de compétiteur dès 1950, Reeves va pourtant devenir lors des fifties l’athlète emblématique de ce sport, et la première grande "star" du culturisme aux yeux du monde entier (et notamment du grand public). Reeves apporta également sa pierre à l’édifice au développement du culturisme de par sa vision du Posing, un art auquel cet athlète apporta de nouvelles poses et une dose de grâce qui fut la bienvenue.
Sa « belle gueule » s’ajoutant à son physique incroyable lui ouvrirent tout naturellement les portes du monde cinématographique, faisant de lui la star « musclée » des années 50 et 60, via notamment ses performances dans les célèbres films « Hercules », et autres Péplums par exemple.

Affiches de films péplum dont le héros est incarné par Steve Reeves

En s’intéressant aux culturismes, le Cinéma Hollywoodien et Européen furent bien-sûr des alliés de taille dans la promotion de la culture physique aux yeux du grand public, mais parallèlement il y eu un autre support qui allait booster de façon tout aussi considérable la promotion de ce sport, il s’agit des magazines de culture physique !

À partir des années 30 et 40 plusieurs titres commencent à se faire concurrence (Health and Strength (UK), Strength and Health (US), Iron Man, Your Physique, Muscle Power, etc…), et ce pour le plus grand plaisir des lecteurs et amateurs de culture physique qui pouvaient ainsi admirer les photos de leurs idoles en train de poser, ou en train de s’entrainer. Ces magazines assurèrent également le relai du déroulement et des résultats des plus grandes compétitions, accompagnés d’interviews des champions. Ces parutions étaient également l’occasion de présenter de nouveaux et précieux conseils d’entrainement, promues bien évidemment par les entraineurs et les stars du culturisme de l’époque. Enfin, ces magazines devinrent également une précieuse vitrine pour les fabricants de matériel d’entrainement, dont la demande crossait de plus en plus, tant de la part des particuliers que de la part des salles de sport (Gym) cherchant à s’équiper.

Couverture d'un "Health and Strength"
Couverture d'un "Your Physique"
Page publicitaire pour du matériel
Couverture d'un "Iron Man"
Couverture d'un "Strength and Health"
Couverture d'un "Muscle Power"

Si durant les années 50 l’intérêt du culturisme allait croissant, celui de l’haltérophilie olympique allait lui en diminuant, et l’AAU voulant préserver l’intérêt pour les sports de force allait alors s’efforcer de mettre davantage en lumière l’intérêt grandissant pour le Powerlifting.
Mais à l’aube des "fifties" l’AAU due dire adieu à son hégémonie, car elle allait désormais devoir compter avec la concurrence de deux autres fédérations sportives internationales nouvellement créées, se concentrant elles exclusivement sur le culturisme, et leur succès allait devenir retentissant !

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Bodybuilding Masculin, focus du moment
Chris Bumstead
• 2015 - CBBF Championships, Men’s Junior, 1st
• 2016 - CBBF Championships, Open Heavyweight, 2nd
• 2016 - IFBB North American Championships, 1st (Pro Card)
• Mr Olympia Classic Physique : 2nd in 2017 and 2018 ; Winner in 2019 and 2020

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Bodybuilding Féminin, focus du moment
Hattie Boydle
• 2015 - WBFF World Championships, 4th
• 2016 - WBFF World Championships, 1st

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Mémoire du Bodybuilding, la Rétrospective du moment
Larry Scott
» Ses meilleurs résultats :
• 1959 - Mr. Idaho, Winner
• 1960 - Mr. California - AAU, Winner
• 1961 - Mr. Pacific Coast - AAU, Winner
• 1962 - Mr. America IFBB, Winner
• 1963 - Mr. Universe IFBB, 1st in Medium
• 1964 - Mr. Universe IFBB, Winner
• 1965 - Mr. Olympia, Winner
• 1966 - Mr. Olympia, Winner

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